Le mélange des sciences humaines et du domaine numérique, est quelque chose de curieux et souvent peu connu. L’édition numérique donnent de très riches possibilités, surtout en ce qui concerne les documents et les livres anciens auxquels l’accès est généralement difficile.
Alors, mon stage de deux mois, du 6 avril au 8 juin 2021, chez l’IHRIM1 Saint-Étienne – UMR2 5317 au sein du projet Charles Fontaine a constitué une opportunité en or pour m’introduire dans ce monde des projets d’édition numérique.
J’ai été pendant ces deux mois sous la responsabilité et tutelle d’Élise Rajchenbach, Maîtresse de conférence et responsable du projet, et de Paul Gaillardon, chargé de l’encodage, de la relecture et du lissage.
De façon général, le stage a constitué une excellente expérience d’apprentissage, de professionnalisation et de vie en général, malgré le fait que le stage se soit déroulé à distance en raison d’un troisième et pénible confinement dans le contexte actuel de crise sanitaire liée à la Covid-19.
Projet Charles Fontaine
Le projet Charles Fontaine consiste en l’édition numérique des œuvres du polygraphe Charles Fontaine (1514-ca 1564), traducteur et poète français du XVIe siècle. Charles Fontaine était un personnage important de l’humanisme en France qui possédait un vaste réseau. C’est pourquoi le projet pourra éclairer la carrière de plusieurs de ses contemporains qui font partie de son vaste réseau, et élaborer ainsi une connaissance plus claire des réseaux humanistes en France.
Dès le début, le projet a attiré mon attention dans la liste de stages de DH (Liste de discussion francophone concernant les Digital Humanities (DH)) car il s’agissait d’un travail avec des ouvrages du XVIe siècle français. C’était un projet qui pouvait m’apprendre les astuces de la langue française à l’époque du réformateur français Jean Calvin qui fait l’objet de mon mémoire de recherche, notamment sa correspondance française.
Ma mission
Ma mission dans le projet consistait en la transcription diplomatique de LES XXI. EPISTRES D’OVIDE parues en 1556, dont les épîtres XI-XXI furent revues et enrichies de préfaces par Charles Fontaine, et les dix premières traduites par ce dernier.
Les Épîtres d’Ovide, aussi appelées Héroïdes, est un recueil latin de lettres fictives composé par Ovide, poète latin qui fut l’inventeur de ce genre d’ouvrage. Il s’agit, pour la plupart, de lettres d’amour que les héroïnes mythologiques écrivent à leurs amants respectifs notamment pour se plaindre de leur absence ou indifférence. Les six dernières lettres comportent trois lettres d’héroïnes et les réponses respectives de leurs amants. Étant inspirées des mythes et légendes de l’antiquité, les épîtres montrent les récits mythiques d’un point de vue plus intime, voire osé, en présentant une image complexe et très intéressante de femmes à l’égard des différents contextes.
Originellement, il s’agissait notamment de la transcription des épîtres XI à XX, plus précisément des traductions des épîtres en soi, les préfaces étant déjà transcrites. Puis, suite à l’intérêt que j’ai montré pour l’encodage, ils ont ajouté à la mission l’éventuel encodage de quelques épîtres.
La transcription ultra-diplomatique a été faite d’abord à partir d’une édition lyonnaise parue en 1556 et en suivant un protocole.
Le protocole fourni par le projet Fontaine comporte le traitement des éléments paratextuels tels que les bandeaux, les numéros de pages, les titres courants, les réclames et les signatures de l’imprimeur pour l’éventuel encodage, ainsi que le traitement du texte en soi.
Puis l’encodage rassemblait la transcription, la relecture et l’encodage en tei. Il s’agissait de faire exactement la même tâche qu’en Word, mais cette fois-ci sur Oxygen avec les balises correspondantes selon les guidelines TEI.
Conclusions
Comme je m’y attendais, il y a eu des défis, des enjeux et des problèmes, ainsi que des satisfactions. Le plus grand défi consistait à s’habituer —surtout pour une Cubaine— au langage et à la graphie du XVIe siècle. Cela a été, malgré sa nature des fois monotone et surtout minutieuse, un travail exceptionnellement intéressant pour moi, particulièrement en raison du lien avec mon projet d’édition de la correspondance française de Jean Calvin.
Finalement, le projet Charles Fontaine et particulièrement les Epistres d’Ovide m’ont amenée à connaitre des ouvrages importants et célèbres à l’époque et également notables du point de vue de l’histoire littéraire. Par le biais de ces épîtres, j’ai pu connaitre un ouvrage important de l’humanisme et apprendre des histoires de la mythologie ancienne que je ne connaissais pas d’un point de vue assez atypique.
Les compétences acquises au sein du projet Charles Fontaine me seront d’une immense valeur, tant pour mon mémoire que pour mon futur parcours professionnel.