Jean Calvin est l’un des réformateurs les plus célèbres du XVIe siècle. Il fonde à Genève une communauté protestante, souvent appelée communauté calviniste. Très novatrice, elle a laissé une empreinte réelle de nos jours, créant toute une culture, un mode de vie et un mouvement qui suscite encore aujourd’hui des réactions quelque peu extrêmes.
Jean Calvin, le savant profond, le théologien exact, l’homme d’État éclairé et l’éminent réformateur, a exercé une influence sur l’âge dans lequel il a vécu, qui, au lieu d’être diminuée par la fin de trois siècles, doit continuer et augmenter tandis que les grandes vérités, impliquant les intérêts présents et futurs de l’humanité, qu’il a si lucidement et énergiquement imposés, seront incorporées à l’illumination et au progrès humains. […]1
Calvin a généralement une réputation d’homme strict et sévère, ancré dans ses croyances, qui sont considérées par certains comme dures, voire ségrégationnistes.
Si ses Instituts, Commentaires et Sermons sont familiers aux étudiants de théologie, il y a peu de matériel disponible décrivant le réformateur en tant qu’homme sous toutes ses facettes : chef religieux, mari, ami, pasteur… C’est le cas dans mon pays d’origine, Cuba, où la vision générale de ce géant de l’histoire est quelque peu obscure.
L’objectif principal de ce projet consiste à réaliser une nouvelle édition critique en soutien numérique en français contemporain, ainsi qu’une traduction en espagnol du recueil de lettres françaises de Jean Calvin, dont les manuscrits originaux se trouvent actuellement à la Bibliothèque de Genève.
Une nouvelle approche de ces lettres permettra une représentation plus complète et approfondie de Jean Calvin, soulevant des pans de sa personnalité, inconnus du grand public ; dans l’espoir de mieux comprendre son propre raisonnement et son cheminement spirituel, ses luttes et son contexte personnel.
Il existe des traductions en anglais de ses lettres latines et françaises par Project Gutenberg parues en 2014, et il existe l’édition de Jules Bonnet, parue en 1854 en français (qui me servira de base avec les manuscrits originaux). Cette édition relaie les lettres écrites en ancien français.
Par conséquent, grâce à la réalisation d’une nouvelle édition en français courant et une traduction en espagnol, ce précieux recueil de lettres, protégé et conservé pendant tant d’années par des amis et fidèles, sera plus abordable et compréhensible.
Ces lettres, en utilisant les mots de Jules Bonnet dans le préface de son édition de 1854 :
…[Elles] présenteront dans une langue accessible à tous, une série d’études littéraires et morales sur l’écrivain et sur l’homme, une véridique image du réformateur peint par lui-même dans les documents originaux et inédits que nous restituons pour la première fois à l’histoire…
Cela peut être un trésor pour les chrétiens francophones comme pour les non-chrétiens, car il n’est jamais simple de saisir les finesses de l’ancien français pour les non-initiés. Et, bien sûr, la communauté hispanophone, en particulier les chrétiens évangéliques d’Amérique latine, apprécieront certainement les lettres actualisées d’un homme qui suscite la controverse même près d’un demi-millénaire après son existence.
Comme Jules Bonnet indique :
Investi par le droit du génie d’un apostolat presque universel, il exerce une influence multiple comme son activité. Il exhorte la noble sœur de François 1er, Marguerite de Valois, et le jeune roi d’Angleterre Edouard VI; il s’entretient avec Bullinger et Mélanchthon, inspire Knox, anime Coligny, Condé, Jeanne d’Albret, la duchesse de Ferrare. Le même homme, usé par les veilles et la maladie, mais s’élevant par l’énergie de l’âme au-dessus des défaillances du corps, terrasse le parti des libertins, pose les fondements de la grandeur de Genève, affermit les Eglises étrangères, fortifie les martyrs, dicte aux princes protestants les conseils de la politique la plus prévoyante et la plus habile, négocie, combat, enseigne, prie, et laisse échapper avec son dernier soupir de grandes paroles que la postérité recueille comme le testament politique et religieux de sa vie. Ces traits suffisent sans doute à faire apprécier tout l’intérêt qui s’attache à la correspondance du réformateur, héritage commun des peuples émancipés par la Réforme, et que n’a pas cessé de vivifier son esprit monument également imposant de l’histoire et de la littérature de la France au XVIe siècle.
MÉTHODE
D’abord, il fallait déterminer la légitimité de l’édition choisie comme base pour cette édition, et vérifier la déclaration de M. Bonnet d’avoir publié ce recueil d’après les manuscrits originaux.
Une étude préliminaire d’après le fac-similé de l’écriture de Calvin inclus dans le premier tome de Lettres de Jean Calvin : Lettres françaises par Jules Bonnet et le texte déjà traité qui se trouve dans la page 210-211 du même tome montre que M. Bonnet a fait ce que Jimenes et André définissent comme transcription régularisée.2
Nous n’avons eu nouvelles d’Allemaigne depuis la prinse du Landgraffl qui a eu un payement digne de sa lascheté. Les choses estant ainsi je recongnois que nostre Seigneur nous veult du tout oster cest Evangile triumphant; pour nous contraindre à combattre soubs la croix de nostre Seigneur Jésus. Mais contentons–nous qu’il face son premier mestier, de garder son Eglise miraculeusement par sa vertu, sans ayde de bras humain.
Étude préliminaire d’après le fac-similé de l’écriture de Calvin
La pratique générale c’est de faire d’abord une transcription diplomatique où l’on transcribe le texte tel quel, en respectant la graphie mais sans tenir compte des éventuelles variations graphiques. Par exemple, on écrirait « sa » au lieu de « ſa » avec le long s typique à l’époque.
Puis, on fait la transcription modernisée qui présente le texte selon la graphie moderne, y compris les accents. Elle s’apparente, en fait, à une traduction.2
Par conséquent, la transcription de Jules Bonnet dans ce cas corresponde à un niveau entre les deux. Ici M. Bonnet normalise la graphie des mots (« ie » devient « je », par exemple), développe les abréviations, et ajoute l’accent grave sur la préposition « à », mais il laisse le reste selon l’usage du XVIe siècle. C’est le cas de « ayde » et « nostre », par exemple.
EPUB
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STRUCTURE DE LA NOUVELLE ÉDITION
Cette édition comportera une lecture comparative, c’est-à-dire, la lettre en français moderne et la traduction espagnole à côté.
SECTIONS
– Bref résumé de la vie et de la théologie de Jean Calvin.
– Préface de Jules Bonnet de l’édition de 1854.
– Notes éditoriales.
– Lettres par ordre chronologique telles qu’elles figurent dans l’édition de Jules Bonnet parue en 1854, avec des liens vers des informations sur le destinataire de la lettre et des notes sur le contexte (lien intégré dans les noms des destinataires de la lettre et les numéros de référence des notes respectivement) et des photos des manuscrits originaux si possible.
– Glossaire des destinataires des lettres et notes contextuelles (avec des liens vers les lettres).
1 « The Project Gutenberg eBook of Letters of John Calvin Volume 1 of 4 by Jules Bonnet. »
2 André et Jimenes, « Transcription et codage des imprimés de la Renaissance ».
Références bibliographiques